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Nightmare Alley (1947) (« Le charlatan ») d’Edmund Goulding d’après le roman de William Lindsay Gresham

C’est un film sombre, littéralement « infernal », c’est à dire prenant pour thème l’enfer moral où vit emprisonné le personnage principal , Stanton Carlisle (remarquablement interprété par Tyrone Power, un grand acteur américain un peu oublié aujourd’hui..
C’est à voir ici sur YouTube en version originale (anglais) non sous-titrée:

Résumé du film , qui n’en rend pas vraiment le climat oppressant d’horreur et d’angoisse profondes:

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Le_Charlatan_(film,_1947)

Le charlatan, c’est Stanton Carlisle (Tyrone Power ) , un bonimenteur de foire et de cirque habile à imaginer des numéros suggérant le paranormal , fondés sur un « code » secret à base d’intonation de voix et de mots spéciaux qu’il est seul à connaître avec sa partenaire . Il rêvera de s’élever très haut en quittant le cirque pour se lancer dans les cabarets et dans la duperie pure et simple de gens très riches rêvant de retrouver des « êtres chers » décédés, mais tombera dans un abîme sans fonds, celui de l’alcoolisme, après avoir fait croire à un homme riche et désespéré par la perte d’une jeune fille très chère (sa fille ou sa femme, je ne me souviens plus, peu importe) peut lui apparaître depuis les « royaumes d’outre-tombe » . Mais son épouse, qui l’aime , refuse de se prêter jusqu’au bout à cette supercherie et le dénonce..

Il rencontrera aussi une autre femme, encore plus démoniaque que luiet qui le battra à son propre jeu , la psychanalyste

Lilith Ritter

(prénom évocateur) jouée par la remarquable Helen Walker qui, comme Linda Darnell, et Marilyn Monroe, eut un destin tragique à base d’alcool et fut broyée par le système de Hollywood (« ville Sainte de la saoûlographie » selon Douglas Sirk )

Mais le caractère tragique et terrifiant du film, montrant véritablement un homme affronté au démon intérieur qui l’habite doit évidemment beaucoup au roman de William Lindsay Gresham d’où est tiré le film , à la biographie tragique lui aussi:

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/William_Lindsay_Gresham

puisqu’il fera deux tentatives de suicide dont la seconde, en 1962, à l’âge de 53 ans, alors qu’il se savait atteint d’un cancer localisé dans la bouche, là où cela fait le plus mal, sera réussie…

lui aussi était tombé dans l’alcoolisme…

il était l’époux de la poétesse d’origine juive Joy Davidman qu’il battait régulièrement dans les extrémités où le poussait l’alcoolisme, elle divorça et partit en Angleterre où elle épousa C S Lewis, auteur entre autres de Narnia et de la « trilogie cosmique » inspirée en partie de l’anthroposophie (1 Le silence de la Terre 2 Voyage à Vénus 3 cette hideuse puissance)
Cette histoire qui raconte l’évolution de spirituelle de Joy Davidman-Gresham de l’enfer (de sa vie maritale avec William Lindsay Gresham ) au paradis ( de son union avec C S Lewis) est racontée dans le beau film de Richard Attenborough « Les ombres du cœur » sur lequel j’avais écrit cet article:

Les ombres du coeur (Shadowlands): C. S. Lewis et Joy Gresham

un film que l’on peut voir ici en vf:

https://m.ok.ru/video/252226898619

Joy Gresham , de juive pratiquante, était devenue communiste et athée à l’époque de la guerre d’Espagne (ce doit être à cette occasion qu’elle rencontra William Lindsay Gresham, parti se battre dans les « Brigades internationales »):

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Joy_Davidman

puis se convertit au christianisme dans les années 40.. elle mourut en 1960 d’un cancer des os, qui avait été diagnostiqué quatre ans plus tôt, au début de sa relation amoureuse avec C S Lewis, dont on sait qu’il était très attiré par le christianisme : en tout cas la conversion de Joy Davidman n’est pas dûe à ses déboires sentimentaux avec Gresham ni à l’annonce de son cancer , qu’elle affronta avec beaucoup de courage en communauté d’idées et d’amour avec C S Lewis : ils se marièrent en étant conscients qu’elle n’en avait plus pour longtemps à vivre…